• (et selon moi, la véritable question à se poser dessus)

     

    Cet article est en réaction à un débat qui fait rage depuis quelques semaines, et en particulier, à l'article d'Hitek à propos du joueur du Grenier, qui aurait tenu un propos maladroit en demandant l'origine géographique des personnages noirs qui apparaîtrait dans la série d'Amazon Prime Les Anneaux de Pouvoir.
    Ses propos étaient sans doute maladroitement formulés, à en juger par ce qu'en dit l'article. Je n'en sais rien, je n'ai pas vu la vidéo en question, le Joueur du Grenier étant un Youtubeur que je ne suis qu'anecdotiquement. De toute façon, en tant que femme blanche cis, ce n'est pas à moi d'en décider, mais à la communauté potentiellement offensée par ces propos. Donc, si vous espériez que dans cet article, j'allais endosser mon petit costume de White Savior et hurler à bas le Youtubeur raciste, vous pouvez déjà arrêter de lire. Et puis, je n'ai pas de compte Twitter, et dieu que je m'en porte bien. :D
    Trop occupée à l'insulter sur Twitter au lieu de réfléchir au problème que sa question soulevait, la communauté internaute est passée à côté de quelque chose. Un problème qui était déjà soulevé par le YouTubeur Mickael J concernant l'inclusion des personnages lgbt dans les oeuvres de fiction destinées à la jeunesse.

    Le fait est que depuis quelques années maintenant, certaines sociétés de production vont se fixer un cahier des charges en mode "Il faut être plus inclusif ! Alors, euh... Prochaine série, il y aura un gay, un noir, un asiatique, une trans sud-américaine, etc etc"'(Oui, je caricature volontairement). Sauf que résultat, la majorité du temps, ces personnages ont été pétris de clichés, mal interprétés, ou pire, simplement fait partie du décor et qu'on se demande pourquoi ils sont là ! Résultat : on fait plus de mal que de bien.
    Parce que dans le fond, pour la plupart, les sociétés de production ne veulent pas faire réellement d'efforts, et que bien souvent de toute façon, les équipes de scénaristes et de réalisateurs sont issus de la communauté... blanche, cis et hétéro. OUPS. Déjà, d'ailleurs, il faudrait embaucher plus de personnes issues de minorités dans les teams scénario, ça changerait beaucoup de choses, je pense. Après tout, ce sont elles les mieux placées pour créer et implanter des personnages qui leur ressemblent. S'il faut intervenir et gueuler, c'est directement là, selon moi, que ça devrait se passer.
    Bon sang, mais est-ce ainsi qu'un personnage doit être créé ? Pour coller absolument à diverses attentes du public au risque d'être complètement à côté de la plaque parce qu'on ne sait pas de quoi on parle ? Non.

    En tant qu'auteure, je vais vous dire comment je vois la chose de mon point de vue.
    Déjà, personnellement, avant de penser au physique ou à l'orientation sexuelle de mon personnage, je pense avant tout A SON HISTOIRE. Le reste viendra tout seul. Dans l'histoire d'un personnage, que ce soit de la Fantasy ou du polar, il y aura forcément l'endroit où il est né.

    Pour rappel, pourquoi y'a-t-il des peaux plus claires et des peaux plus sombres ? Parce que nous tous, humains autant que nous sommes, secrétons un pigment qui s'appelle la mélanine. On l'a tous. C'est d'ailleurs pour cela que c'est une grande preuve de stupidité humaine, que de discriminer son voisin simplement parce qu'il n'a pas la même couleur de peau.
    Et peut-être bien l'une des raisons pour lesquelles les extraterrestres ne nous ont pas contactés. Car selon moi, la propension de l'humanité à se rejeter mutuellement à la moindre différence prouve bien son incapacité momentanée à évoluer pour devenir une civilisation réellement intelligente.
    Si tes ancêtres vivaient sous un soleil de plomb, tu as 90% de chances d'avoir une peau de mate à basanée, voire carrément couleur de nuit. Si tes ancêtres vivaient dans un endroit au ciel gris/pluvieux/neigeux la majeure partie du temps, tu as 90% de chances d'être pâle comme un cul.

    Pour ma part, l'inclusion, ça devrait se passer comme ça: Dans mon Sang des Mor, la majorité des protagonistes vivent dans un pays calqué sur l'ancienne Egypte (Altanis), du coup, ils vont pour la plupart arborer un type africain ou nord-africain. C'était évident qu'on n'allait pas avoir des blonds aux yeux bleus. Les personnages typés un tant soit peu nordique viennent uniquement de Mavhir, ou encore de Corinde, qui n'est pas autant baignée de soleil que les autres contrées où se déroulent l'histoire.
    Pour l'orientation sexuelle, franchement, si vous croyez que je me suis arrachée les cheveux sur le sujet... Pas du tout ! Hormis les couples que j'ai définis par avance pour l'intrigue (Shaïn/Aylin, c'était prévu du début...), j'ai commencé à écrire mon histoire, j'ai fait interagir mes personnages... et là, d'un seul coup, j'ai remarqué une alchimie plus que possible entre deux personnages du même sexe. Voilà, j'avais ma "romance gay" sans l'avoir absolument fixée dans un cahier de charge de débile pour "apaiser ma conscience" et vouloir cultiver mon image de l'autrice bien inclusive avec ses lecteurs et lectrices, etc. Et au moins, ce couple a le mérite selon moi d'être crédible, car l'on remarque bien ce qui rapproche ces deux femmes venant pourtant de contrées différentes.
    L'avantage de la Fantasy et de la science-fiction, c'est qu'il nous est vraiment possible d'avoir tous types de pays où se déroule notre histoire, et par-là, tous types et toutes origines pour les protagonistes. Et, ça va surprendre ceux qui effectivement, ont du mal à imaginer des personnages noirs dans le monde du Seigneur des Anneaux, mais l'univers de Tolkien n'échappe pas à la règle, il y a des elfes à la peau sombre qui sont mentionnés dans le silmarillon (les Elfes sombres). Et on peut tout à fait imaginer que certains de leurs descendants ont pu aller vivre chez les autres Elfes. Donc, tout est possible. Et de même, mon conjoint, qui est un féru de Tokien, me disait que du côté du Mordor (dans le Harad, plus précisémment, le pays d'origine des oliphants), il y avait sûrement des humains à la peau plus ou moins sombre, puisque c'est une région qui est écrasée de soleil ! Et l'article de Wikipedia sur le Harad semble l'attester.


    "Oui, mais du coup, tu es en train de dire que l'on ne peut pas croiser de personnages de couleur dans des zones nordiques..."


    Nope. Je ne dis pas ça : il y a un truc qui s'appelle les flux migratoires. D'ailleurs, ça peut être la base d'une intrigue (exemple, un guerrier ou guerrière qui a dû fuir son pays victime d'une invasion). Un beau background, déjà, pour un personnage de Fantasy ! <3 Vos personnages à la peau claire allant dans le sud peuvent être des immigrés, des marchands, ou avoir tout un tas d'autres raisons d'avoir quitter la terre de leurs ancêtres et pareillement pour vos personnages aux traits sudistes apparaissant dans vos contrées du nord. Quoiqu'il en soit, rien qu'en répondant à ces questions, ils auront tous une histoire déjà riche et intéressante. Et ça, c'est le plus important.

    Messsieurs et mesdames les créateurs.ices d'univers, il ne doit pas y avoir de différences de traitement dans le chara-building de vos personnages blancs ou noirs. Cela doit être aussi facile de construire l'un ou l'autre, sinon, vous avez déjà un problème.

    Quelle que soit l'oeuvre, quel que soit le support, je crois que c'est là où nous, créateurs, quelle que soit notre origine, pouvons rectifier le tir. En ne nous souciant pas de tenir un quelconque cahier des charges de la tolérance, mais en ancrant en nous que la diversité est une chose merveilleuse ; et de là, à l'employer pour créer des protagonistes justes, frais authentiques, auxquels nos lecteurs et lectrices/joueurs et joueuses/spectateurs et spectatrices pourront s'attacher.

    A la question : vais-je regarder la série d'Amazon Prime ? Sûrement, oui. Peut-être serons-nous déçus par les personnages qui y apparaîtront, ou au contraire, aurons-nous une bonne surprise. Après tout il me semble que nous ne savons pas encore grand-chose de cette série. ;)


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  • L'Empire d'Ecume (Andrea Stewart)Surprenant.
    C'est le premier mot qui me viendrait à l'esprit pour qualifier ce roman qui était sur ma pile à lire depuis un moment (en fait, depuis que j'avais vu qu'il avait tapé dans l'oeil de ce cher Apophis dès sa sortie en V.O)!
    Le deuxième mot serait incontestablement : malaisant. On est bel et bien dans un roman de Dark Fantasy dont l'aspect horrifique est loin d'être négligé, même s'il ne s'exprime pas à coup de massacre sanglant. Non, on est plutôt dans de l'horrifique à la Frankenstein.

    La jeune Lin est en effet l'héritière d'un empire où la magie est la propriété de la famille impériale. Et quelle forme de magie ! A deux pas de la nécromancie, sans en être vraiment. En effet, dès l'âge de huit ans, chaque habitant de l'empire se voit prélever un éclat d'os crânien derrière son oreille. Ces éclats, une fois récupéré, servent à alimenter des "concepts", des golems de chair animés qui peuvent autant ressembler à des humains qu'à des animaux, voire un mélange grotesque des deux. Ces golems obéissent exclusivement à leur créateur, mais cela dit, il n'est pas impossible de modifier les éclats d'os de façon à changer leur "maître". L'un des personnages va d'ailleurs révéler un étrange don pour les influencer.
    Lorsqu'un éclat d'os est utilisé pour donner vie à un concept, la durée de vie de la personne à l'éclat appartenait diminue. Parfois un peu, parfois drastiquement. Elle peut même être tuée-sur-le-champ. Autant vous dire qu'aucun habitant de l'empire n'aime savoir qu'il a été prélevé, ou pire, voir son enfant subir la terrible opération.
    Mais cela a été présenté comme un mal nécessaire, l'Empereur et sa famille prétendant utiliser cette magie d'os notamment pour protéger le peuple des Alanga, race mystérieuse qui aurait vécu dans les îles de l'Empire avant les humains. Alors en plein apprentissage pour maîtriser à son tour cette magie d'os dans son parcours pour devenir impératrice, Lin devra faire face à plusieurs révélations fracassantes...

    Certains lecteurs de cette oeuvre se sont un peu étonnés de la trouver en Young Adult. Alors pour ma part, je dirais que cette oeuvre contient effectivement quelques codes appartenant au genre. On trouve en effet notamment le thème de la jeune génération qui s'oppose à la précédente, le côté dystopique, et surtout, dans l'arc de Lin, même si elle a déjà vingt-trois ans, la sempiternelle quête de l'identité. Mais en effet, cela s'arrête là, on n'a pas droit au triangle amoureux ou aux autres dramas si particuliers au genre. Voilà pour éclaircir ce point.

    Lin n'est pas le seul personnage que l'on va suivre dans l'histoire. En effet, nous avons le point de vue de d'autres personnages et c'est très réussi. On va suivre notamment Jovis, jeune contrebandier au coeur plus grand qu'il n'y paraît, à la recherche de son amour perdu (il a beau être l'archétype du mauvais garçon pas si mauvais garçon, il part avec un sacré capital sympathie tant il se montre pas bête et attendrissant). On retrouvera également Phalue, fille du gouverneur de l'île de Nephilanu et destinée à lui succéder, tiraillée entre les principes enseignés par son père et les idées révolutionnaires exprimées par sa compagne Ranami, jeune libraire forte et courageuse. Enfin, on suivra Sable, mystérieuse jeune femme liée de très près à un autre personnage et vous ne devinerez jamais lequel...

    Parlons de l'intrigue, justement. L'autrice a brillé pour tisser des liens étonnants entre ses personnages. Si certains sont faciles à deviner, d'autres ont été très surprenants. Sur certains aspects, le scénario est un peu prévisible. Néanmoins, le récit n'en demeure par moins prenant, tant les scènes d'action et les ressentis des personnages sont bien décrits. On a envie de voir Jovis retrouver sa bien-aimée, Lin déjouer les machinations de son père ou Phalue mûrir et comprendre ce que sera réellement sa fonction. Certains des personnages secondaires, comme Numeen, Gio (le chef des Sans-Eclats, les rebelles luttant contre les pratiques de l'empire) ou Mephi se montrent également très sympathiques à suivre.

    Lorsque je décris le roman comme étant malaisant, je fais surtout allusion à la seconde partie. En effet, plus Lin va avancer dans son enquête sur les concepts et sur sa quête pour recouvrer ses souvenirs (elle est amnésique et ne se rappelle que ses cinq dernières années), comme on est bel et bien dans de la Dark Fantasy, vous vous doutez que ce qu'elle va découvrir va être particulièrement répugnant. Une partie se devine facilement, mais ce qu'implique réellement le principe des concepts ne manquera pas de vous glacer le sang. En tout cas, c'est avec cette émotion que je suis ressortie de ma lecture, ainsi qu'avec un certain nombre de questionnements. Car si l'autrice nous apporte finalement beaucoup de réponses à l'issue de ce tome 1, il reste suffisament de mystère, notamment autour des Alangas pour qu'on en redemande. De plus, reste toujours la question d'une rébellion qui enfle et qui est bien parti pour détruire cet empire littéralement fondé sur des ossements. Cela promet des affrontements d'honneur entre certains des personnages et des dilemnes moraux sympathiques.

    En bref : En ce qui me concerne, pour ma part, le rendez-vous avec le tome 2 est déjà pris. J'ai vraiment hâte de retrouver Lin et Jovis, qui sont mes deux personnages préférés, pour la suite de leurs aventures.


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  • Sous les branches d'Adichara (Sharakhaï 4)

     

    A présent qu'une certaine affaire chez Bragelonne est résolue de façon à peu près satisfaisante, je vous donne avec plaisir mon avis sur ce tome 4 de Sharakhaï. Je l'ai terminé samedi et j'en suis encore toute retournée !

    Ceda est donc en tribulation dans le désert avec un nouvel objectif : sauver Sehid-Alaz, le roi de la treizième tribu. Mais toutes les malédictions ne peuvent pas toujours être conjurées...

    On retrouve le magnifique univers orientaliste de Bradley Beaulieu avec plaisir. Les descriptions sont toujours autant soignées, faisant appel à nos cinq sens, et au niveau des intrigues, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elles s'étoffent. On a le point de vue de nouveaux personnages, notamment celui d'Anila qui cherche à sauver sa famille en passant un dangereux marché avec le roi Sukru. Parlons-en d'ailleurs, de celui-là ! Jusqu'à présent, au niveau des rois les plus détestables de Sharakhaï, j'avais mis Cahil en tête, mais dans ce tome-ci, il s'est fait battre à plate couture. J'ai passé la moitié de mon temps de lecture à avoir envie de le tuer, grrr...
    Emre m'a pas mal agacée dans ce tome. Il se laisse manipuler comme un pantin, manque fâcheusement de discernement, et pour finir, commet un meurtre que j'ai jugé particulièrement inutile, je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler.
    En revanche, l'arc autour de Ceda est très bien construit, et j'adore toujours autant ce personnage. Sa loyauté et sa dignité sont toujours aussi remarquables, et l'on sent qu'elle fera tout pour sauver son peuple. Et surtout, elle a mûri, ce n'est plus l'adolescente en quête de vengeance du début, elle est maintenant affranchie de la haine qui brûlait dans ses veines. Elle se montre capable de prendre les bonnes décisions et agit pour ainsi dire... comme une reine. Elle m'a particulièrement impressionnée dans ce tome 4 et son destin apparaît assez clairement, j'ai hâte de voir comment son arc va se clôturer dans le tome suivant.
    En parlant de reine, parlons donc un peu de Meryam. On voit Rhamad regretter amèrement le jeu dangereux qu'il a joué avec elle depuis le début dans l'espoir de venger sa femme et sa fille. En effet, Meryam s'est révélée une femme avide de pouvoir bien plus que de justice et une menace peut-être plus grande pour Sharakhaï que n'auraient pu l'être les autres antagonistes de la série. J'avoue que j'ai trouvé cet aspect de l'histoire particulièrement bien construit et bien glaçant. Rhamad perd cependant un peu de cote auprès de moi, tout comme Emre, j'ai trouvé qu'il se laissait un peu trop balloter par les événements, alors que jusqu'à présent, il s'était conduit en battant.
    Le personnage que j'ai le plus apprécié suivre est le roi Ihsan. Il se montre toujours aussi habile, charismatique, et l'on se rend d'ailleurs compte que ce n'est pas forcément son pouvoir qui le rend réellement dangereux, mais simplement sa capacité à saisir la nature profonde des personnes qui l'entourent pour les manipuler. Il a toujours été mon personnage préféré, mais là, il se surpasse par la façon dont il arrive décidément toujours à retourner des situations à son avantage. Je n'en dirai pas plus. ^^
     
    Bradley Beaulieu nous montre encore sa virtuosité à nous emporter dans des tourbillons de suspens, de batailles épiques et de machinations tordues. Sans compte qu'il étoffe son univers et nous rajoute des informations notamment sur les erekhs par exemple. Avec ce tome 4, il confirme sa place dans mon coeur parmi mes écrivains préférés. Vivement le tome 5 et vivement aussi sa prochaine saga, car nul doute qu'il a encore de très belles histoires à nous faire vivre !


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  • Pendant mes vacances, j'ai lu une trilogie de bouquins où il y'avait des samouraï qui chevauchaient des fourmis géantes sur une planète où le ciel est vert et où les vaches ont six pattes.


    Pardon, je n'ai pas pu m'en empêcher. ^^ Évidemment, ce n'est pas tout ce que j'ai retenu de cette magnifique trilogie qu'on m'a plusieurs fois recommandée.

    La Trilogie de l'Empire nous raconte l'histoire de l'Empire Tsuranni, situé sur la planète Kelewan, à travers les yeux d'une jeune femme, Mara des Acoma, qui appartient donc à la noblesse. L'univers étant inspiré de l'ancienne société japonaise, on y retrouve les ronins, ici appelés guerriers gris, le code d'honneur strict suivi par les guerriers, la figure du seigneur de guerre et une société patriarcale où l'on attend des femmes qu'elles donnent des fils braves et prêts à prendre les armes. De plus, les familles de nobles sont ouvertement rivales les unes des autres et pratiquent le "jeu du conseil" (le conseil de guerre) où tous les coups sont permis pour gagner le plus d'influence possible pour sa maison. Etonnamment, les Tsuranni ont beau hurler l'honneur sur tous les toits, il apparaît très vite qu'on peut très facilement contourner ce fameux code et commettre des abjections. C'est ainsi que Mara perd son frère et son père dans une de ces machinations orchestrées par une famille rivale. Elle devient alors l'héritière des Acoma et le dernier espoir de la famille de retrouver un statut. Contre toute attente, grâce à sa ruse, son ambition et son fort caractère, elle deviendra l'une des figures politiques les plus influentes de l'empire, sinon la plus influente à l'issue de la trilogie.
    Le thème de la femme de pouvoir qui tisse son influence dans l'ombre est très bien traité ici. On ne nous épargne rien des risques d'un tel jeu, et j'ai souvent éprouvé énormément d'empathie pour le personnage principal. En effet, en matière de drames, Mara va tout vivre. Le deuil, la violence, les tentatives d'assassinats... Les auteurs ont réussi l'exploit d'éviter trop de pathos, non sans nous mettre sous les yeux tout ce qu'une femme dans sa société telle qu'elle est organisée peut subir. J'ai souffert avec Mara, j'ai applaudi ses succès, j'ai tremblé avec elle tout du long. Car croyez-moi, il s'en passe des choses, dans ces trois tomes. Et chaque fois qu'il y a une brève accalmie, un autre retournement de situation, un autre coup de théâtre ou danger arrive !


    L'autre énorme point fort de cette trilogie, hormis son personnage principal charismatique et en même temps profondément humain, c'est bien entendu l'aspect fantasy. Il est loin d'être négligé ici, notamment avec le peuple des cho-ja, ces formidables hommes-fourmis qui détiennent notamment... le secret de la soie sur Kelewan, ainsi que celui des minerais !  Mais ce n'est pas là leur seul atout : ils sont également de puissants guerriers et comptent même des magiciens. Les auteurs développent ce peuple exotique jusqu'au bout de leurs récits, j'ai adoré tout ce que l'on apprend au fur et à mesure concernant les coutumes, leur histoire... Autre point assez intéressant, la place des magiciens dans la société tsurani. Ils sont au-dessus de toutes les lois, raison pour laquelle on les nomme les Très-Puissants. Leur caste est organisée de manière terriblement rigide et certaines révélations à leur sujet ne manqueront pas de vous choquer (car bien sûr, les magiciens sont aussi fourbes et retors que les autres...).


    Univers fantasy à forte inspiration asiatique, péripéties presque à toutes les pages, descriptions soignées et immersives, personnages attachants, cette trilogie mérite que l'on s'y attarde. Après pour ma part, elle n'en possède pas moins certaines faiblesses, à savoir, un triangle amoureux particulièrement agaçant (Mara agit par moment réellement comme une adolescente), et surtout, une fin "Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes" qui détonne fortement avec l'aspect très sombre que les auteurs ont entretenu durant les trois tomes. Sur les cent dernières pages du tome 3, tous les problèmes se résolvent pour ainsi dire "comme par magie" et on perd en cohérence et en réalisme. Néanmoins, c'est mon seul reproche face à ces livres, aussi, si vous avez vraiment envie d'une fantasy dépaysante et pas banale, ne passez pas à côté. Si vous êtes vous-même auteur/autrice de fantasy et ne savez jamais comment rédiger vos descriptions, je vous recommande d'autant plus de la lire : en effet, quand vous aurez fini votre lecture, vous saurez comment emmener un lecteur dans votre univers sans lui rédiger une encyclopédie ennuyeuse et lourdingue, tant les informations sur les tsurani et les Cho-Ja sont bien distillées tout au long des pages sans ralentir l'action.

    Petite note : Depuis, j'ai commencé à lire "Magicien", vu que cette trilogie de l'Empire est une sorte de "spin-off" des Chroniques de Krondor de Raymond E. Feist, que je n'avais jamais lu. Je précise qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu les Chroniques de Krondor pour apprécier la trilogie de l'empire, mais si  vous lisez cette trilogie en premier et qu'après, vous avez envie de découvrir la saga principale, vous sourirez probablement comme moi à la lecture de certains passages. En effet, on dit un petit bonjour à certains personnages qu'on aura déjà croisés. =)


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  • Les Brumes de Cendrelune : le jardin des âmes

     

    Oh, de la fantasy young adult avec des éléments de Dark Fantasy.
    Je pense que l'on peut s'en douter, je ne lis pas souvent du young adult, à moins que l'univers ne soit bien développé ou alors particulièrement original.

    Dans cette saga, on suit l'histoire de Céphise, une jeune fille vivant dans un monde régi directement par des divinités. Le chef d'entre eux, Orion, a le pouvoir d'entendre les pensées... et ainsi d'étouffer de façon particulièrement sanglante la moindre idée de sédition. Céphise en sait quelque chose, car c'est ainsi que sa famille a été exécutée et que son petit frère s'est retrouvé à servir l'empire d'une façon particulièrement cruelle.

    Je parlais d'éléments de Dark Fantasy dans cet univers (cependant, le clivage manichéen est encore trop présent pour que le livre appartienne à ce genre), voilà pourquoi. Déjà, l'exécution sur "l'arbre des âmes" présente un fort aspect horrifique dans la description du supplice. Ensuite, on ne condamne pas toujours à mort, parfois, on se contente de mutiler. C'est ce qui est arrivée à l'héroïne, nommée ainsi "rapiécée" et condamnée à porter une jambe et un bras mécanique après une amputation bien douloureuse quand elle était enfant. Les Rapiécés sont ainsi reconnus immédiatement par les autres citoyens de la société et mis forcément à son ban. En effet, non seulement, fréquenter un rapiécé, c'est prendre le risque d'être accusé de sédition, mais de plus, leur apparence révulse.
    C'est l'un des points que j'ai particulièrement apprécié dans cette histoire, que de trouver un personnage féminin principal doté d'un physique atypique et qui se fait remarquer avec le temps, au lieu de la fille mignonne qui attire d'emblée l'intérêt de la plupart des protagonistes masculins du livre. On fait face ici à une jeune femme meurtrie, autant psychologiquement que physiquement, et brûlant de se venger.

    L'intrigue, maintenant. Au début du roman, l'action arrive assez vite et on craint rapidement pour la vie de notre héroïne. Par la suite, lorsqu'elle rencontre Verlaine (un demi-dieu, lui aussi considéré comme un paria parmi les siens et accessoirement, principal responsable de l'exécution de la famille de Céphise...), cela pèche un peu. En effet, il y a quelques longueurs inutiles. Cependant, l'histoire est très loin d'être inintéressante, et s'il y a bien une romance, faut-il avouer qu'elle est atypique. On a en effet une connexion mentale chargée d'étranges souvenirs qui s'établit entre deux ennemis jurés aussi déstabilisés l'un que l'autre par ce fait. Un aspect qui pour ma part, ne m'a pas déplue, bien que cela ne soit pas le plus original. Le gros point fort : la mythologie de l'univers. Honnêtement, c'est très bien construit et je pressens que le meilleur reste à découvrir.

    La plume de l'auteur est poétique et les descriptions du décor et des personnages très agréables à lire, on les visualise bien dans notre tête. J'ai passé un agréable moment à lire ce tome 1 et j'ai hâte de lire le second !


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