La semaine dernière, je disais donc que nous parlerions un peu plus du royaume insulaire de Mavhir dans le prochain article.

Ce peuple de fiers marins s'est durablement établi dans les îles du Sud. Cependant, les Drakhans, chassés de leurs terres lors de l'expansion d'Altanis, ont débuté avec eux une guerre sans merci.

Le principale dieu vénéré dans la culture mavianne est Néréïdos. Souverain de la mer, il est né des amours de Zephos et Glaïa, les deux dieux primordiaux de la nature, respectivement la terre et l'air. Les animaux marins sont considérés comme ses serviteurs, en particulier les requins, qui ont un caractère d'animal sacré. La justice mavianne veut d'ailleurs que l'on punisse les traîtres et les femmes adultères en les jetant aux requins. Si les requins épargnent le condamné, on considère qu'il a obtenu le pardon ou qu'il était innocent. Il est alors relâché. Il est arrivé que des hommes décident d'eux-même de se soumettre à cette ordalie pour prouver leur dévotion.

Ordre social :

Cette société patriarcale est gouvernée par un roi et ses conseillers. Le trône se transmet de père en fils, de préférence à l'aîné. Si un roi meurt sans héritier mâle, c'est l'un des conseillers qui règnera. S'il a eu des filles, l'aînée épousera donc le nouveau roi, les autres seront données à de hauts dignitaires, à moins qu'elles ne choisissent la prêtrise, le seul domaine où les femmes puissent se prétendre égales aux hommes. On attend d'une reine mavianne qu'elle enfante rapidement un fils et qu'elle s'occupe des oeuvres de bienveillance au sein du royaume. Elle doit gérer les maisons de guérison de la capitale et s'assurer que les mendiants reçoivent hospitalité et obole, lorsqu'elle n'est pas en train de s'occuper des affaires internes du palais comme l'intendance.

La condition féminine à Mavhir est donc complexe, car l'on méprise la jeune fille, et l'on ne respecte que la mère et l'épouse. C'est le fait d'être des mères spirituelles qui vaut aux prêtresses d'être profondément respectées. Gare cependant à celle qui s'aviserait de rompre ses voeux de chasteté et de pureté, car alors, elle serait condamnée à la lapidation. Seules les prêtresses de Phrodia, la déesse du mariage, de l'amour, mais aussi des plaisirs sexuels, ainsi que les courtisanes, échappent aux règles concernant la chasteté. Les temples de Phrodia sont à la fois lieux de culte et lieux de plaisir où l'on initie les jeunes hommes de façon à s'assurer qu'ils seront féconds. Si les relations homosexuelles entre hommes sont tolérées (ils sont tout de même contraints de prendre épouse pour donner naissance à des héritiers), l'opprobre frapperait la femme qui s'adonnerait aux plaisirs saphiques en dehors du mariage (il est toléré si l'époux souhaite réaliser un fantasme de trio...) ou de l'obligation de la courtisane.

Rituel du mariage à Mavhir :

La veille du mariage, la jeune fille est conduite au temple de la déesse Phrodia pour une toilette rituelle. Les prêtresses sont chargées notamment de vérifier sa pureté. Elle dépose également une poupée de son enfance et reçoit le voile de la jeune fille, qu'elle rendra au moment de la cérémonie.
Lors de la cérémonie, au temple de Phrodia, les époux partagent une tranche de porc rôtie, ainsi qu'une grenade et un gâteau de miel. Le mari offre un cadeau à sa femme, souvent un collier.

Ensuite, les deux époux se rendent au temple de Néréidos. Là, un prêtre leur sacrifie un oursin dont ils doivent manger les gonades, censées améliorer la fertilité. Ils reçoivent ainsi la bénédiction du dieu de la mer, et le mariage est conclu.

Les époux peuvent répudier leurs femmes. Si la monogamie est de mise dans le peuple, les princes et les rois sont souvent autorisés à avoir des concubines, afin de leur garantir héritier.

Les jeunes filles sont mariées dès qu'elles atteignent leur quatorzième anniversaire. La plupart des mariages sont arrangés, et l'amour est laissé à la seconde place. Néanmoins, ce n'est pas ce qui choque le plus les altaniens ayant visité la contrée, qui, même s'ils ne forcent jamais leurs enfants, n'hésitent jamais à leur faire comprendre qu'il vaut mieux un bon parti qu'un amour dans la pauvreté. Ce qui bien souvent les révolte est par exemple la pratique du mariage de "réparation", lorsqu'un homme célibataire a violé une jeune fille non mariée. Il est rare qu'un violeur se voit châtier à Mavhir, alors qu'à Altanis, il serait impitoyablement condamné. Une femme mariée sera bien souvent accusée d'avoir été adultère en plus de son infortune, à moins que des témoins puissent affirmer qu'elle s'est débattue et a crié au secours. Les maris ont droit de vie ou de mort sur leurs femmes, ainsi que sur leurs enfants. Cependant, ils doivent respecter le choix de l'épouse de demander l'ordalie en cas d'accusation d'adultère. Cette épreuve aboutissant bien souvent à la mort.

Les femmes mariées appartenant aux classes supérieures ont cependant une respectabilité plus difficile à leur retirer dans la mesure où ce sont souvent elles qui arrangent les alliances pour leurs enfants et gèrent les biens de leurs époux. Elles sont comparables aux matrones romaines et certaines reines acquirent dans l'ombre un pouvoir encore plus grand que celui de leur époux, à travers l'espionnage et la manipulation. Cependant, le destin le plus surprenant fut celui de l'Impératrice Aegla Gunsan. D'origine une jeune fille cousine du roi mavian Arkus, elle aurait dû passer son existence cloîtrée dans une luxueuse demeure, mariée à un homme exilé de la capitale pour lui ôter toute ambition indésirable. Cependant, elle séduisit un jeune officier altanien et le supplia de l'emmener avec lui. Ce dit officier ne savait alors guère encore qu'il deviendrait, par la force du destin, le nouvel empereur d'Altanis.
Aujourd'hui, une autre voie peut cependant s'offrir aux femmes maviannes qui ont suffisament d'audace : celle des espadons de l'ombre.  

Les Espadon de l'Ombre

Rumeur ou réalité ? Officiellement, le corps des espadons regroupe les meilleurs soldats mavians. Le corps des espadons de l'ombre n'est pas officiellement connu, pourtant, il existe bel et bien. Il n'est autre que le service d'espionnage du royaume de Mavhir. D'après certains, il serait même le plus grand danger que pourraient redouter les ennemis de ce pays.

Car ils sont partouts. Notables, prêtrises, petits paysans, courtisanes, esclaves, ils évoluent dans toutes les couches de la société mavianne, mais aussi dans celles d'autres pays, à part Kalis. Et chacun d'eux est aussi un assassin féroce, habile à se servir de la discrète petite lame qu'il reçoit après son serment. Il n'est guère étonnant que beaucoup de femmes maviannes évoluent dans ce milieu, car en échange de leurs services, elles obtiennent une liberté presque totale : elles ne sont tenues ni au mariage, ni à la chasteté, et les époux qu'elles obtiennent sont ou des époux de facade, ou des hommes qu'elles ont elles-même choisis, le plus souvent dans l'objectif de les assassiner. Il n'est pas rare que celles qui ont choisi cette voie l'ont fait dans le but d'éviter un mariage forcé.
Cependant, cette carrière est dangereuse, et nombre de ces espions connaîtront une fin douloureuse.

Les espadons de l'ombre peuvent communiquer directement avec leur chef par l'intermédiaire d'un lapis-lazuli enchanté, cousu dans un vêtement ou incrusté dans un bijou. Dans la nuit, celui-ci émet en effet une lumière bleutée qui peut clignoter selon un rythme spécifique. Pour envoyer un message, l'espion saisit la pierre avant de l'enfermer dans son poing et de le serrer et desserrer à plusieurs reprises. Lorsqu'il fait cela, le lapis porté par leur chef se met à étinceler jusqu'à ce qu'il prenne la pierre dans sa paume. Alors celle-ci clignotera en émettant la même fréquence que celle envoyée. Cette magie d'artefact, utilisable par des personnes n'ayant aucune capacité dans ce domaine, est l'une des créations les plus courantes des Magiciens Noirs. Lorsqu'un espion meurt, la magie se dissipe de la pierre, la rendant inutilisable. Elles sont en effet activées par une goutte de sang de leur porteur, qu'il versera lors de son initiation.

Un emblème du royaume est en cours de conception, je l'ajouterai à cet article dès que je l'aurai terminé.